Au pays de PME
L’évolution constante et rapide du monde numérique n’a plus rien d’un scoop. Mais énormément d’entreprises et de professionnels ont encore du retard à rattraper en matière de numérisation. En prenant le bon côté de la chose, cela veut dire que dans notre petit pays de PME, de nombreuses opportunités s’offrent à ceux qui veulent entreprendre dans ce domaine. Toon Verheyen est bien placé pour partager ses perspectives et conseils à ce sujet.
Suivez-vous une évolution du monde de l’entreprise de plus près ?
« Une première tendance qui mérite à mes yeux plus d’attention est celle du product-as-a-Service. De plus en plus de produits ne sont plus achetés en tant que tels. On voit toujours plus de location et de leasing, y compris pour l’assistance, l’entretien et les réparations. La tendance était déjà répandue pour les logiciels, mais elle concerne aujourd’hui aussi les produits physiques. ‘Philips ne vend pas des lampes, mais de la lumière’ en est l’illustration parfaite. Si vous adaptez votre produit en conséquence, cela donne aussi un produit plus écologique. La rentabilité réside principalement dans l’entretien, les réparations... Qu’on intègre dans le produit, qui devient un package. Cela permet également de détecter les défauts de manière prédictive ou prévisionnelle.
Une deuxième tendance est la productisation des services. Je l’explique souvent comme un reconditionnement d’un même service. Cela vous permet aussi de mieux décharger les entreprises. Prenons l’exemple de l’IA et des processus d’entreprise. Dans ce cas, vous n’êtes plus rémunéré sur la base des prestations/heures que vous fournissez, mais sur la base du déchargement et du résultat que vous apportez au client. Le client qui fait développer un site web ne paie plus à l’heure pour le développement de l’application, mais bien pour les nouvelles fonctionnalités qu’il obtient. De cette manière, vos conseils professionnels prennent également la valeur qu’ils méritent.
La morale de cette histoire ? Tout revient à fournir des solutions susceptibles de décharger le client, ce qui est (beaucoup) mieux que de simplement fournir des heures ou de la main-d’œuvre. L’avenir appartient au ‘package’ dans lequel on retrouve tout le nécessaire – et à l’entrepreneur qui le livre. Il faut donc aussi apprendre à connaître son groupe cible le plus vite et le mieux possible ! »
Se lancer la tête la première : Toon montre à quel point cela peut être exaltant. Prêt pour le compte à rebours ?
L’importance de ce groupe cible ressort clairement dans le cas suivant, poursuit Toon : deux entrepreneurs voulaient créer des produits physiques pour le secteur des soins de santé, sans une énorme réflexion préalable sur une stratégie. Ils ont directement arpenté cinq hôpitaux et ont demandé à tous les spécialistes s’ils avaient des idées qu’ils pouvaient développer. Un d’entre eux a donné son accord, et ils ont continué à développer ces idées. « Ne restez pas dans l’expectative, allez voir les gens, présentez vos idées, c’est comme ça qu’elles prendront forme. Si vous n’êtes pas en contact avec le groupe cible (ce qui est généralement le cas des étudiants, par exemple), ça complique les choses pour arriver à une bonne idée. Le pitch, le test et l’adaptation avant de choisir une voie : tout tourne autour de ça. »
Les entrepreneurs de l’exemple des hôpitaux sont aujourd’hui actifs dans la reconception de produits pour le secteur de la construction. Ça montre comment un trajet d’entrepreneur peut évoluer : passer d’un secteur à l’autre, pourquoi pas ?
Quelle est votre ‘North Star’ à vous ?
« Je reste concentré sur l’idée de lancer une entreprise avec au moins 20 personnes. En parallèle, je garde une énorme motivation à l’idée d’encourager les autres à vraiment se lancer dans l’entrepreneuriat ! »
Quel est le meilleur conseil pour les entrepreneurs débutants ?
Commencez par vous, vos talents et vos compétences ! N’attendez donc pas le cofondateur/investisseur idéal.
Ne restez pas dans l’expectative ! De nombreux entrepreneurs en devenir attendent aussi le moment idéal pour se lancer. Pourquoi s’attarder dans une phase conceptuelle ? Mieux vaut commencer rapidement à tester l’idée en pratique.
Ne détaillez pas complètement votre idée sur papier, mais testez-la avec d’autres personnes dès que possible. Un tel feedback vous apprendra beaucoup de choses !
