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Entrepreneurs

Les freins à l’entrepreneuriat au féminin

Les stéréotypes sont nombreux quant à la création d’entreprise au féminin, mais il existe aussi bien des pistes pour ne pas se laisser paralyser par la peur d’entreprendre. Les femmes sont encore minoritaires parmi les créateurs d’entreprise en Belgique et en Europe et les encourager à franchir le cap passe évidemment par un changement des mentalités. 

Dernière mise à jour le 17 mars 2017 par Bénédicte Philippart

Même pas peur

Certes, casser les idées reçues, dire aux filles « osez entreprendre » n’est pas une mince affaire. Si les femmes sont nombreuses à trouver l’entrepreneuriat plus épanouissant que le salariat, elles sont presque aussi nombreuses à évoquer les freins qui les empêchent de se lancer dans l’aventure. Certains de ces freins sont très concrets, comme par exemple l’aspect financier ou la compatibilité avec la vie de famille. Or, le véritable obstacle est plutôt d’ordre psychologique. On parlera de peur de l’échec, peur du changement, peur de l’inconnu ou peur de ne pas être à la hauteur du challenge. Des craintes le plus souvent irrationnelles au regard du bon niveau de formation et des compétences de la plupart des porteuses de projets, comme l’atteste par exemple la proportion d’étudiantes dans les hautes écoles.

Sortir de sa zone de confort

On constate peu de spécificités féminines ou masculines dans la gestion de l’entreprise. Il existe, par contre, des motivations et des freins à la création plus spécifiques aux femmes. La différence entre hommes et femmes se manifeste essentiellement au moment de monter leur boîte. Les femmes se sentent moins légitimes, elle ont plus de mal à oser. Le poids de l’inconscient collectif, de l’histoire et de la culture y est pour beaucoup.

Un « tiens » vaut mieux que deux « tu l’auras » nous disait Jean de La Fontaine au 17ème siècle. Cette sagesse populaire semble encore fortement ancrée dans les esprits en 2017. Pour autant, peut-on vraiment parler de sagesse quand le besoin de sécurité nous empêche d’aller de l’avant ? Certes, la peur est une émotion légitime et parfois précieuse lorsqu’elle nous alerte d’un danger potentiel. Car le risque zéro n’existe pas. Encore faut-il ne pas nous laisser paralyser par nos appréhensions, même s’il est tentant d’éviter, sans discrimination, tout ce qui nous fait peur… au risque de passer à côté de très belles opportunités. Pourquoi se priver de merveilleuses vacances sur une plage de sable blanc sous prétexte qu’on n’est pas trop rassurés en avion ? Allez-vous vous passer de tous les avantages, dont la liberté, offerts par la voiture par crainte de mourir dans un accident de la route ? Stupide, n’est-il pas ? Il en est de même quant à notre façon d’aborder la peur d’entreprendre alors que l’envie existe. D’autant plus que la capacité à reconnaître les risques et à les maîtriser est un atout essentiel dans le monde de l’entreprise.

Freins versus motivations

Les femmes expriment régulièrement les mêmes obstacles à leur projet. En premier lieu, c’est la peur de l’échec et le risque pour le patrimoine de la famille qui bloquent le passage à l’acte. Elles évoquent des doutes sur leurs aptitudes professionnelles et un manque de confiance en soi. Viennent ensuite des facteurs sociaux hérités depuis des générations, dont le rôle de la femme au sein de la famille et le temps qu’elle doit pouvoir lui préserver. Enfin, même si les motivations des futures créatrices d’entreprises sont très diverses, l’élément déclencheur est souvent le besoin de se réaliser et la recherche d’une meilleure mobilisation de leurs compétences. Leur objectif est moins de monter leur business par opportunité financière que pour accompagner un projet de vie personnel épanouissant. La plupart des entrepreneures voient, par ailleurs, dans la création d’entreprise un tremplin pour accéder à une forme de reconnaissance et d’ascension sociale.

Pourquoi pas moi?

Les femmes ne sont pas « par nature » moins ambitieuses que les hommes, mais l’audace d’entreprendre, ça s’apprend. Des initiatives très concrètes articulées autour de cet enjeu se mettent en place, notamment dans l’enseignement et dans les médias.

L’école remplit évidemment un rôle essentiel dans la construction des futures entrepreneures, de l’école primaire et jusqu’au niveau universitaire. Le monde enseignant a désormais à coeur de sensibiliser les jeunes à la culture d’entreprendre en démontrant aux jeunes, filles comme garçons, combien l’entrepreneuriat est une voie professionnelle accessible et valorisante. Il s’agit, par exemple, de montrer la diversité et la richesse de l’entrepreneuriat féminin et de travailler à développer des qualités spécifiques aux futurs entrepreneures. La confiance en soi, la créativité, la proactivité, l’esprit de compétition, le sens des responsabilités et de l’initiative et la propension au risque sont de celles-ci.

Et puisque l’école se doit de susciter des vocations, il est aussi important qu’elle donne aux filles l’envie et la possibilité de choisir des filières traditionnellement masculines, par exemple à forte composante scientifique, technique ou technologique.

Changer l’image de la femme entrepreneure dans les médias

Omniprésents dans notre quotidien, les médias peuvent eux aussi contribuer à faire bouger les mentalités et à donner le virus d’entreprendre aux femmes, jeunes et moins jeunes. Comment ? En démystifiant la création d’entreprise et en faisant passer ce message tout simple : les entrepreneures sont des entrepreneurs comme les autres et pas des exceptions. Médiatiser celles qui réussissent, valoriser leurs expertises, mettre en évidence les témoignages de femmes chefs d’entreprises, voici quelques pistes qui pourraient avoir un impact positif sur l’estime de soi des cheffes d’entreprise en herbe. Rien de tel que des « success stories » de dirigeantes inspirantes pour stimuler celles qui hésitent encore à franchir le pas.

Réseautons

Si chez trop de femmes le désir d’entreprendre reste au stade du fantasme parce qu’elles sont pétrifiées à l’idée de passer à l’action, la situation évolue, notamment grâce aux réseaux féminins. Bien sûr, entreprendre pour une femme (comme pour un homme d’ailleurs) est loin d’être un long fleuve tranquille mais les réseaux sont là, sur le terrain, pour démontrer que l’entrepreneuriat est une véritable opportunité de carrière pour les femmes : une opportunité de se réaliser, de relever un défi en prenant des risques calculés. « Si elles l’ont fait, pourquoi pas vous ? », nous confie Bénédicte Philippart de Foy. Le réseau f.a.r (pour femmes actives en réseau) que j’ai lancé en 2005 est la preuve vivante qu’il existe des femmes qui entreprennent au quotidien, qui prennent leur destin en main et sont réellement actrices de leur vie. Avec bonheur et succès à la clé. Ce sont des femmes talentueuses, audacieuses aux parcours et motivations variés, car on ne peut évidemment pas réduire l’entrepreneuriat féminin à un seul mode de fonctionnement.

L’avenir des femmes désireuses de lancer leur boîte est de toute évidence lié au réseautage, car il permet à chacune de découvrir que créer son entreprise est une aventure non seulement réalisable, mais aussi intéressante, épanouissante et rémunératrice. Toujours selon Bénédicte, « une de clés du succès est de bien s’entourer dès le départ et de parler du projet autour de soi pour concevoir un projet qui tienne la route ». Enfin, les réseaux sous le signe de l’entrepreneuriat au féminin sont également les lieux où sont mis en lumière les nombreux dispositifs d’accompagnement au service des futures cheffes d’entreprise. Sans masques ni freins

Bénédicte Philippart
Fondatrice de FAR

Licenciée en droit et coach en création d'entreprise, Bénédicte a créé en 2005 le réseau FAR, femmes actives en réseau. Actif sur l’ensemble de la région wallonne et bruxelloise, ce réseau a rassemblé en 2016  plus de 2 100 entrepreneures. Passionnée par la vie, Bénédicte aime être à l’écoute de ce qui fait bouger le monde (et les femmes en particulier).