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Employeurs

Apprentissage et travail : une relation amour-haine

En moyenne, nous vivons plus longtemps que jamais. Mais lorsqu’on parle de pension, les Belges quittent le marché du travail plus tôt que les autres Européens.En effet, les Belges cessent de travailler

  • au plus tard entre 61 et 62 ans, tandis que l'âge légal de la pension est progressivement porté à 67 ans.
  • après une carrière d'à peine 32 ans, alors qu'une carrière complète compte 45 ans de travail.
Dernière mise à jour le 29 octobre 2019 par Frank Vander Sijpe

Parallèlement, nous sommes confrontés à un nombre record de postes vacants. Les experts considèrent que la pénurie actuelle sur le marché du travail est structurelle. La combinaison du recrutement de remplacement (démographique) et de croissance (cyclique) fait en sorte que tous les talents sont nécessaires pour répondre à la demande actuelle.  

Par rapport à ses voisins européens, la Belgique obtient des résultats particulièrement médiocres en matière de formation des adultes. L’effort d'apprentissage des adultes d'un pays dépend de l'âge moyen auquel les gens quittent le marché du travail dans ce pays. Et ce n’est pas par hasard si des pays comme les Pays-Bas, la Finlande, le Danemark et la Suède obtiennent des notes élevées pour ces deux paramètres. 

Le Belge s'accroche aussi fortement au contrat à durée indéterminée : pas moins de 90% des salariés belges travaillent sous ce type de contrat. Nous sommes à l’avant du peloton dans ce domaine en Europe. De plus, les jeunes et les moins jeunes espèrent travailler pour le même employeur le plus longtemps possible et, si possible, dans la même fonction. Le taux de rotation volontaire des salariés sous contrat à durée indéterminée reste très faible : à peine 6 % de ces salariés changent volontairement d'employeur après l'obtention d'un contrat à durée indéterminée.

Compétences essentielles

Il existe aujourd'hui en Belgique un déséquilibre important entre vie, travail et apprentissage. Comment les organisations et les individus peuvent-ils mieux gérer cette problématique à l'avenir ? Comment pouvons-nous activement maintenir, approfondir/élargir et actualiser nos compétences ? Après tout, le vieillissement des qualifications est un phénomène qui frappe rapidement en ces temps VUCA (Volatility, Uncertainty, Complexity et Ambiguity) et qui a de graves conséquences. Pour preuve, un certain nombre de restructurations récentes, au cours desquelles les licenciements massifs vont de pair avec de nouveaux recrutements. Il est évident qu’aujourd’hui, l'actif le plus important d'une organisation n'est plus "les personnes" en tant que telles, mais bien la valeur de leurs compétences. Les organisations ont besoin de renouveler continuellement les connaissances pour rester concurrentielles dans un monde où les changements rapides et fréquents, les innovations, la créativité et l’agilité font la différence.

Manque de conscientisation ?

Dans la vision de Securex sur l'employabilité, "l'apprentissage" est un levier important. Le développement et la mise à jour des connaissances et des compétences, la capacité à appréhender de nouvelles technologies et à affiner ses compétences interpersonnelles sont les meilleures garanties pour conserver son emploi actuel en tant qu'individu. Et pour disposer des connaissances et des compétences actualisées nécessaires en tant qu'organisation.

Mais les résultats de la Flandre dans une récente étude de l'OCDE sont carrément effrayants : près de 82% des adultes ne souhaitent pas suivre de formation. Pire encore, les moins instruits ne pensent pas qu'une formation supplémentaire pourrait leur être utile.  

Heureusement, les recherches menées par Securex en collaboration avec Bedrijfsopleidingen.be au cours de l'été 2019 laissent entrevoir un certain nombre de signes encourageants. Au moins 1 salarié sur 3 est de plus en plus conscient de l'utilité de suivre une formation en vue de son employabilité interne : pouvoir conserver son emploi actuel (33%) et/ou entrer en ligne de compte pour un autre emploi chez son employeur (15%).

Apprendre, même après avoir quitté l'école, est un atout incontestable de l'employabilité et un levier pour relever le défi social de faire travailler plus de gens plus longtemps. Cependant, la motivation et la volonté d'apprendre doivent venir du travailleur et non être imposées par les autorités et/ou l'employeur. Le rôle de ce dernier consiste à stimuler une plus grande prise de conscience et à créer des environnements qui soutiennent et facilitent toutes les formes d’initiatives d'apprentissage.

Frank Vander Sijpe
Director HR Trends & Insights Securex

Frank Vander Sijpe est actuellement Directeur HR Trends & Insights au sein de l'équipe Marketing Intelligence & Innovation. Il suit de près les différentes évolutions et tendances du marché du travail, ainsi que leur impact sur la politique du personnel dans les organisations. Parmi les thématiques, on retrouve l'absentéisme, le stress, la rotation du personnel, la motivation et le travail hybride. Il est également co-auteur des livres "Mon travail, un travail sur mesure" et "Personnaliser le travail, mythes et faits" qui traitent de la manière dont les PME font face aux défis du marché du travail actuel.

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